Solfeggietto no. 8 - Claude Ballif

Solfeggietto no. 8, op 36 (1981) Claude Ballif

I - Dolce e comodo e senza vibrare
II - Allegro giovial
III - Quieto e con tenereza

Don-Paul Kahl, saxophone

Recorded Live in the Concert Hall at Orpheus Institute
Ghent, Belgium
10 March 2025

Kindly sponsored by the Association Claude Ballif.

https://www.donpaulkahl.com
https://www.claudeballif.com

Programme Note (written by Vincent Decleire, translated by Don-Paul Kahl):
[For an English translation please see below]


De 1961 à 1999, le compositeur français Claude Ballif (1924-2004) a composé 19 pièces pour instrument seul, basées sur le même « référentiel » de 11 sons, intitulées Solfeggiettos (reprenant le titre d’une pièce monophonique pour clavier Wq 117/2 de C. Ph. E. Bach) et groupées comme opus 36. En 1981, l’Association des Saxophonistes de France (AsSaFra) commande une pièce à Claude Ballif pour le concours national d’Aix-les-Bains : ce sera le Solfegietto n° 8, en trois mouvements qui s’enchaînent. Ballif s’inspire et s’appuie sur les recherches sur les doigtés et « Les sons multiples aux saxophones » de Daniel Kientzy (dédicataire du Ier mouvement). L’œuvre est créée par Claude Delangle (dédicataire du IIIe mouvement), en juillet 1982.

Dans le cahier du C.I.R.E.M. consacré à Claude Ballif (1991, p. 151-152), à partir des esquisses du compositeur, Alain Poirier a mis en lumière la forme concentrique de ce Solfeggietto même si elle est peu évidente à l’audition à cause du changement fréquent des registres et des intensités. Le mouvement III reprend le matériel du I, mais à l’envers, de façon rétrograde. Le IIe mouvement, le plus développé et le plus complexe, comprend 5 sections, successivement A B C B’ A’ et au cœur de la section centrale (dans cet enregistrement, de 7’02 à 7’18) se trouve un hommage à l’inventeur du saxophone, l’interprète étant invité à « faire un geste de révérence avec son instrument », le tempo s’élargissant subitement alors que les notes La / Ré Si Mi / Mib LA rappellent symboliquement les lettres (et notes dans la terminologie germanique) A/DolpHE/ (E)SAx .

Même si cette pièce peut décontenancer de prime abord, elle frappe par la diversité des gestes, les changements rapides d’atmosphères, passant de la douceur à l’éclat, de la méditation à la joie, de l’élan au repos (Ballif écrit d’ailleurs la même année une pièce pour orgue intitulée Apostrophes et jubilations !), C’est justement le mouvement qui est au cœur de l’art de Ballif, qui aimait citer la définition de la musique pour Saint Augustin : ars bene movendi. Ce Solfeggietto intègre de façon remarquable les sons multi-phoniques (I-II-III), propose des phrases mélodiques inouïes en quarts de tons (exclusivement II), fait briller dans toutes les nuances le registre suraigu, etc. Une référence dans le répertoire solo du saxophone au XXe siècle.


From 1961 to 1999, the French composer Claude Ballif (1924–2004) composed 19 solo instrumental pieces based on the same 11-tone reference system “référentiel,” titled Solfeggiettos (reusing the title of a monophonic keyboard piece, Wq 117/2, by C. Ph. E. Bach) and grouped as Opus 36. In 1981, the Association des Saxophonistes de France (AsSaFRA) commissioned a piece from Ballif for the national competition in Aix-les-Bains: this became Solfeggietto No. 8, a three-movement work performed as a continuous whole. Ballif was inspired by and drew upon Daniel Kientzy’s research on saxophone fingerings and “Les sons multiples aux saxophones” (Kientzy being the dedicatee of the first movement). The work was premiered by Claude Delangle (dedicatee of the third movement) in July 1982.

In the 1991 C.I.R.E.M. journal issue dedicated to Claude Ballif (pp. 151–152), Alain Poirier analyzed the composer’s sketches and highlighted the concentric form of this Solfeggietto, even though it may not be immediately evident to the listener due to the frequent changes in register and dynamics. The third movement reprises the material from the first but in reverse, as a retrograde. The second movement, the most developed and complex, consists of five sections—A B C B' A'—and at the heart of the central section (in this recording, from 7:02 to 7:18), there is a tribute to the inventor of the saxophone. The performer is invited to “make a reverential gesture with their instrument,” as the tempo suddenly broadens while the notes A / D B E / Eb A symbolically referencing (through German note names) the letters of A/DolpHE/ (E)SAx.

Although this piece may initially seem disorienting, it is striking for the diversity of gestures and rapid shifts in atmosphere, moving from softness to brilliance, from meditation to joy, from momentum to repose (interestingly, in the same year, Ballif also composed an organ piece titled Apostrophes et jubilations!). Movement itself is at the heart of Ballif’s art—he often cited Saint Augustine’s definition of music as ars bene movendi (music as the science of well-regulated movement). This Solfeggietto remarkably integrates multiphonics (I-II-III), introduces unheard of quarter-tone melodic phrases (exclusively in II), and showcases the altissimo register in all its nuances, among other features. It can be justly considered a landmark work in the solo saxophone repertoire of the 20th century.